Bonjour a tous !
En ce jour du 19 février, début de vacances d'hiver, je me mets enfin à écrire l'article promis depuis deux semaines. Ma colocataire n'étant pas là, j'ai l'appartement pour moi toute seule. Je devrais être en train de faire le ménage, mais à la place je traine toute la journée en pyjama, ne fais pas la vaisselle et laisse mes papiers de Pitch partout dans le salon. Je bouffe n'importe quoi à n'importe quelle heure, dors plus que nécessaire, laisse la porte des toilettes ouverte, mets la musique à fond en prenant ma douche... Bref, une vraie vie d'étudiante sans amis ahahah...
Alors plutôt que de commencer à construire mon abri d'hibernation, je me suis dit qu'il valait mieux utiliser ce temps libre pour quelque chose de plus utile (en supposant que mon blog est utile).
C'est une histoire un peu longue que je me suis décidée à relater, alors je me suis servi un grand verre de Coca cerise, ai entamé un paquet de Trésor de Kellogg's (chocolat-noisette pour les connaisseurs) et après avoir regardé un film coréen bien glauque pour me mettre dans l'ambiance, j'ai ouvert mon logiciel de traitement de texte. C'est parti mon ki... !
Je me considère comme quelqu'un d'assez normal (enfin, je l'espère). Parfois je me dis aussi que je suis bizarre, mais après tout, tout le monde est bizarre dans un certain sens. Quand je regarde un film un peu gore, je flippe comme une folle dans mon lit au point de mettre ma couverture jusque sur ma tête en imaginant des têtes sordides apparaître juste au dessus de moi. Puis je me rassure intérieurement en me disant "Mais non Marion, tu délires, ça n'arrive que dans les films tout ça...". Je ne suis pas particulièrement superstitieuse alors tout ce qui est fantôme et vampire, je reste assez perplexe quant à leur existence (certaines personnes vont encore me dire "Comment peux-tu mettre les fantômes, qui sont des âmes égarées, des gens ayant réellement vécu, et les vampires, êtres totalement sortis de l'imagination de l'homme, dans le même sac ???", veuillez me pardonner). Par contre, en ce qui concerne les enquêtes inexpliquées, ou les films basés sur la folie humaine, j'avoue que ça a le don de me donner la chair de poule. Mais de la même façon, après avoir regardé un reportage ou un film, lu un article dans le journal ou un bouquin, deux choses me viennent à l'esprit principalement : comment une telle folie peut-elle exister, et surtout, les choses n'arrivent-elles pas de façon inexpliquées parfois ? Puis je me rassure en me disant qu'il y a peu de chance pour que quelque chose comme cela me tombe dessus. Jusqu'à ce qu'un événement vienne contredire mes pensées.
Tout commence en 2008. Mon ancien copain et moi-même avions décidé d'emménager dans un appartement sur Béziers. On est tombés sur une plutôt bonne affaire : un studio pas trop cher, bien placé géographiquement parlant, mais dans un quartier très modeste et pas très bien fréquenté. Après avoir réfléchi, on se dit qu'on va tenter notre chance et que si le quartier ne nous plait vraiment pas, il sera toujours temps de trouver autre chose ailleurs. Finalement, arrive Novembre et aucun problème. Je me souviens que l'on se disait même "Comme quoi les rumeurs ne sont pas toujours vraies ! ".
L'immeuble dans lequel on vivait était particulier. Mais chacun a des problèmes personnels, je ne veux juger personne. Le fait est qu'au premier étage, mes voisins de palier sont d'une part une petite mamie très gentille dont les enfants viennent rendre visite de temps à autre, d'autre part un RMIste un peu porté sur la boisson avec qui on a de simples relations de bon voisinage "Bonjour, au revoir, comment allez-vous...". Au deuxième et dernier étage vivent une célibataire qui a peut-être 45 ou 50 ans, qui a l'air assez dépressive mais est toujours aimable, et une mère avec sa fille de 8 ans.
Le bâtiment étant très mal insonorisé, on entend à peu près tout ce qui se passe sur notre palier : de l'ouverture de porte aux discussions de notre voisin RMIste qui vit dans l'appartement mitoyen au nôtre.
6 Novembre 2008. C'est un jeudi soir et je me rappelle avoir du bosser toute la soirée pour un partiel le lendemain. Les voisins de palier ont l'air de faire la fête. La musique est forte, les rires aussi, les conversations sont animées. Bref, tout est normal. Mais quand arrive le moment de me coucher, impossible de m'endormir à cause du bruit. Alors mon copain de l'époque décide de gentiment demander à ce que le son soit baissé. Effectivement, la musique avait été mise dans l'appartement du RMIste (près de l'endroit où l'on dormait donc), ils avaient laissé les portes ouvertes et mangeaient et discutaient dans l'appartement de la mamie. Nor-mal...... Lorsque la requête est lancée, le RMIste (Christian Barros) qui est déjà assez éméché s'emporte en disant que c'est l'anniversaire de son ami et qu'ils veulent le fêter comme il se doit. J'avoue que j'étais déjà assez énervée à cause du bruit alors je n'ai pas mis longtemps à répliquer que s'il ne baissait pas la musique j'allais devoir appeler la police pour régler le problème. Finalement, le fils de la mamie calme le jeu, ils baissent le son et tout est réglé.
7 Novembre 2008. M. Barros est venu s'excuser pour l'accrochage de la veille. On ne lui en tiendra alors pas rigueur. Le soir-même, mes grands-parents et ma tante étant descendus du Gers et aillant fait 260km pour venir nous voir, j'en ai profité pour les inviter à manger chez moi avec mon père. Pendant le repas, on entend comme des coups donnés contre le mur mitoyen avec M. Barros. Je me souviens nous entendre expliquer à ma famille que ce genre de coups était récurrent et qu'il nous arrivait d'en entendre presque toutes les semaines. Vers 22h30, mes grands-parents étant âgés et ayant fait beaucoup de route dans la journée, je raccompagne tout le monde en bas de l'immeuble. Ils s'en vont donc pour Narbonne où vit mon père. Après avoir débarrassé la table, je me suis installée devant mon ordinateur (certainement pour regarder un drama, comme à mon habitude), le casque sur les oreilles, pendant que mon copain A. jouait aux jeux-vidéo sur la télé. Aux alentours de minuit, je commence à sentir une odeur de fumée.
8 Novembre 2008. Mon ordinateur étant tout neuf, je commence à paniquer en croyant que ça vient de lui. Je le débranche. A. me voyant faire, il va pour faire la même chose avec la télé et les consoles de jeu. En s'approchant du mur, il me dit alors "Marion, j'entends des crépitements !". Je m'approche à mon tour et effectivement les crépitements sont bien audibles. On commence même à voir un peu de fumée traverser le mur via une poutre en bois placée au plafond. De plus en plus paniquée, je prends mon téléphone portable et appelle mon père (réflexe premier). Dans nos têtes bien sûr commencent à se former des films : peut-être que notre voisin cherche à se venger de l'accrochage du jeudi soir ? Peut-être qu'il a mis le feu au mur ? (comme quoi, j'ai vraiment une très faible imagination...)
Mon père que j'ai réussi à joindre me dit qu'il faut aller frapper chez Christian Barros pour lui demander si tout va bien. A. s'en charge. Mais arrivé devant la porte du voisin, il me crie "Vite ! Appelle les pompiers ! Il y a le feu !". J'ai alors pris le téléphone fixe dans l'autre main, tout en continuant de parler avec mon père sur le portable et j'ai composé le 18. Quand les pompiers ont décroché, je pleurais déjà, les jambes complètement tremblotantes. Après avoir expliqué que je ne savais pas si le voisin était dans l'appart ou pas car il ne répondait pas lorsqu'on criait son nom, les pompiers m'ont dit de faire évacuer tout l'immeuble et d'attendre dans la rue que les secours arrivent. A. s'est chargé d'aller frapper à toutes les portes et d'aider la mamie à descendre pendant que j'appuyais comme une incapable sur les sonnettes sur le trottoir de la rue, en chaussons, et en criant "il y a le feu !!". Tout le monde est descendu, en général habillés de robes de chambre et de pyjamas.
Les premiers à être arrivés sur les lieux furent les policiers. L'un d'entre eux s'est d'ailleurs trouvé irréductible et a fait la connerie que nous n'avions pas faite : ouvrir la porte de l'appartement en feu. Quand les pompiers sont à leur tour arrivés, je ne sais pas trop combien de temps s'était écoulé. Ils sont aussi montés pour éteindre le feu pendant que nous étions interrogés par la police "Nom, prénom, âge, adresse, profession et numéro de téléphone s'il vous plaît.". Puis A. et moi avons été transportés jusqu'aux urgences pour vérifier que nous n'avions pas inhalé trop de fumée.
Pendant ce temps, mon père et ma tante ont repris la route pour venir nous chercher. Après être tombée sur une infirmière stagiaire qui a fouillé mon poignet avec son aiguille pour trouver ma veine, nous sommes tous repartis vers Narbonne. Au passage, nous avons juste pensé à repasser par l'immeuble pour récupérer des affaires et fermer la porte à clé. Nous avons ainsi pu observer que les flammes n'avaient pas atteint notre studio mais que la suie avait tout recouvert et que les pompiers avaient renversé de l'eau dans la cuisine ainsi que la poubelle. A quoi bon désespérer pour ça, puisqu'on allait bientôt partir...
Les jours qui suivirent, nous nous sommes occupés du changement d'appartement avec l'agence. Plus tard, nous avons été appelés par la Police Judiciaire de Montpellier (SRPJ) pour déposer notre témoignage des faits au commissariat de Béziers. Notre voisin Christian Barros était donc mort et une piste meurtrière était envisagée. Après nos témoignages, on a appris par les journaux et internet qu'effectivement, le meurtrier avait été attrapé : Habachounez Dekkiche qui avait déjà fait de la prison pour meurtre et braquage. Apparemment, M. Barros était allé boire un coup dans un bar et l'avait rencontré par hasard. Le trouvant certainement bien sympa, il l'avait invité chez lui pour lui offrir la nouvelle tournée. Mais c'est Dekkiche qui l'a remercié avec un étranglement et des coups, qui lui a volé un téléphone, une partie de son RMI et un poulet dans le frigo (ouais, ouais, sans blague), puis qui a mis le feu pour effacer ses traces.
Le seul texte que j'ai réussi à retrouver sur les articles de journaux publiés en 2008 : Article paru dans Le Dauphiné mais retrouvé sur Jeuxvideo.com
Après tout ça, plus aucune nouvelle pendant plus de 3 ans et demi. Puis il y a de cela deux semaines, j'ai reçu un appel du commissariat de Béziers, puis de la greffière de la cour d'assises de Montpellier, pour me dire que j'étais convoquée en tant que témoin pour le procès de Habachounez Dekkiche le vendredi 10 février. Ils m'avaient apparemment envoyé une convocation officielle à Béziers qui n'était jamais arrivée (sans déconner...).
10 Février 2012. Je prends mon train à 7h de Lyon et je retrouve A. sur Montpellier. Je remercie mon amie F. au passage qui, grâce à un jeu du destin, s'est retrouvée avec moi dans le train et m'a permis de me détendre avant le procès. Lorsque nous sommes arrivés, A. et moi, à la cour d'assises de Montpellier, on nous a fait passer une sécurité (heureusement j'avais laissé mon pistolet automatique à la maison, hohoho), on a vérifié notre identité puis on nous a enfermé dans une salle, tout seuls avec de l'eau et des toilettes à disposition, en attendant de passer à la barre. Le truc c'est qu'on ne nous a absolument pas expliqué ce qui allait se passer ni ce qu'on allait devoir faire.
Au bout d'un moment (après une grille de sudoku dans le 20mn), on est venu me chercher et j'ai suivi une dame (très sympa d'ailleurs) dans les méandres du bâtiment (couloirs façon arrière-théâtre, peinture craquelée et odeur de vieilli). On arrive devant une porte, la femme l'ouvre et me dit simplement : "Allez jusqu'à la barre et parlez clairement dans le micro.". Heu... Bref, je fais comme demandé. Je me retrouve au milieu d'une grande pièce (photos de la salle) avec devant moi les jurés et le président avec ses deux assesseurs, sur ma droite l'avocat général et celui de la partie civile, à ma gauche l'avocat de la défense et l'accusé dans sa cage en verre, derrière moi ce qui semblent être la famille de la victime et des étudiants prenant des notes.
On me fait jurer sur l'honneur (et non sur la bible, comme aux USA, normal) en levant la main.
Le président me pose des questions, puis le jury, puis les avocats. Enfin, on me dit d'aller m'assoir à l'arrière et A. est appelé. Lui aussi a alors répondu aux questions puis on nous a demandé de partir.
Pour la journée, nous avons été payés 38€ environ pour avoir répondu à la convocation et on nous a remboursé le repas (forfait de 15€ environ) et le train (qui m'a coûté 97€).
Finalement, quelques jours plus tard, après un procès qui a duré 5 jours, la peine est tombée : perpétuité avec 22 ans fermes.
Articles : Midi Libre, France 3 Languedoc Roussillon (la photo ne correspond pas), Le Figaro... La liste est normalement plus longue mais comme on peut le remarquer, les médias se copient les uns les autres... (pour changer)
Voilà mon histoire un peu hors normes...
En espérant que certains aient réussi à lire jusqu'au bout !
Si vous avez des questions supplémentaires concernant le procès, mon témoignage ou même mes impressions ; si vous avez envie de réagir aussi, n'hésitez pas à me laisser un commentaire sous l'article !
Ah bah enfin l'explication! N'empêche t'as souvent frôlé la mort dis donc! comme tu nous le disais l'autre jour ^^
RépondreSupprimerC'est dingue et ça fait un peu peur quand même ^^"
Enfin! C'est une super expérience toussa d'un autre côté :D
Ouais quelque part je me dis que je sait au moins à quoi ressemble une cour d'assises :D ahah Mais je t'avoue que j'aurais préféré éviter le 7 novembre 2008 ^^'
SupprimerJe comprends^^ Mais ça aurait pu être pire donc bon =)
SupprimerAh ça c'est certain ! Je me le suis dit des tas de fois après que ça se soit passé !
SupprimerMoi qui pensais que l'histoire était fini.
RépondreSupprimerJe comprend maintenant pk vous étiez tout les deux à Montpel et en même temps.
Maintenant c'est officiellement fini !
Oui voilà ! C'est ENFIN fini ! :D
SupprimerEt le mec a pris cher même si 22 ans ferme signifie qu'il peut quand même sortir sur bonne conduite --'